JUIN l59I. ~                           l6l
y Messieurs, avant que partir je vous prie me dire « une chose. Je sçais que vous estes hommes d'enten-« dément; dites-moi, s'il vous plaist, que vous semble « de ceux de Paris, et quel jugement en faites-vous? « — Par Dieu, monsieur (va respondre un de leur a compagnie), ce sont les plus grands badaus, les « plus grands sots et les plus vieilaqucs que nous aions «c jamais congneus. Depuis que nous sommes à Paris, « il n'i en a jamais eu ung qui ait eu l'honnesteté de « nous presenter un verre d'eau; et diriés quand ils cc nous voient, qu'Us voient des chiens, tant ils nous « regardent de mauvais œil. Ils parlent des autres; oc mais nous croyons qu'ils sont tous lutherans là de­te dans. — Oui, dit M. de Vicq, mais ici non, comme a vous avez veu. Ah ! non, non, bons catholiques « vous (dirent-ils), et gens de bien, à qui Dieu doint « bonne vie et longue! » Et ainsi s'en allerent, laissans M. de Vicq aussi content d'eux qu'ils estoient de lui : qui en rioit encores trois mois aprés, et en fist rire le Roy, auquel ce qu'on dit) il racompta ceste plai­sante histoire.
Le lundi 3 juin, qui estoit le lendemain de la Pen­tecoste, les bulles d'excommunication du pape Gre­goire quatorzième furent leues dans la grande eglise de Nostre Dame à Paris, où fust fait le sermon par M. Rose, evesque,de Senlis, en grand apparat et exal­tation de la majesté papale par dessus le neufiesme ciel ; dépression et abaissement de celle du Roy jusques au plus profond des abismes d'enfer. Et furent lesdites bulles, en latin, plaquées et affichées le jour mesme aux quatre principales portes de ladite eglise de Nostre Dame, attendant la publication d'icelles au parlement, 46.                                                           11
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